LE PASSE OUBLIE
and that's where the beginning of the end begun
«
Pourquoi ont-ils fait cela ? Pourquoi ne veulent – ils pas comprendre ? » Leanne n’en revient toujours pas. «
C’est pourtant si simple de cohabiter avec les sorciers. Et si simple pour eux de cohabiter avec nous. » Il est clair que la jeune fille avait hérité du coté peace and love de sa famille. Tout comme le reste de sa famille, elle éprouve un vif émerveillement pour le monde magie. La magie, n’est-ce pas merveilleux ? Sa famille a toujours été de celles qui voient le bon côté de chaque chose. Aux yeux de Leanne, la guerre n’est rien d’autre qu’une horreur monumentale. Trop de gens avaient souffert de la guerre. Trop de gens étaient morts ou avaient perdu l’un de leurs proches. Tout comme sa famille. Sa famille aussi a perdu quelqu’un dans cette stupide guerre. Ella McAvoy, célèbre chanteuse avait perdu la vie lors d’un meeting pour la paix. Leanne ne l’a peut-être pas connue de son vivant, mais Ella est un modèle pour elle. La jeune fille sait parfaitement que, durant la guerre, elle aussi n’aurait pas hésité à prendre la parole devant une foule de gens rassemblés. Elle n’aurait pas hésité à clamer haut et fort que la guerre ne servait à rien. Aujourd’hui, en apprenant cette terrible nouvelle qui vient de se passer à Londres, Leanne ne peut s’empêcher de penser à Ella. Bien des choses ont changé oui, mais bien des choses restent encore à faire. Ce qui vient de se passer à Londres le prouve encore bien.
«
Tu ne rends pas compte ! Les sorciers nous apportent tellement de choses ! Et nous en retour, on peut aussi … » Leanne s’arrête de parler, se rendant compte que son amie d’enfance vient de se boucher les oreilles. Pourquoi Mary fait-elle cela ? La blonde croise les bras, n’ouvre plus la bouche et la dite Mary finit par parler, tirant ses mains de ses oreilles par la même occasion. «
Leanne, arrête avec de discours. Ça m’énerve. Avec cet attentat, tu devrais quand même bien te rendre compte que ça ne fonctionnera jamais. Jamais ! Toi et ta famille vous êtes tellement … » Tellement quoi ? Leanne n’aime guère ce qu’elle vient d’entendre. Pourtant, elle tient à ce que son amie aille jusqu’au bout de sa phrase. «
On est tellement quoi ? Vas-y, je t’en prie, parle. » Le ton de sa voix est un peu sec, mais elle sent que la réponse de Mary ne va pas lui plaire. «
Vous ne vous rendez même compte que le monde des sorciers, les sorciers eux-mêmes… ce sont eux la source du problème. Jamais il n’aurait dû y avoir une paix entre nos deux mondes. On n’aurait même jamais dû être au courant de leurs existences. Vous êtes trop stupides pour vous en rendre compte. A croire que vous vivez dans le monde des Bisounours. » Leanne ouvre la bouche puis la referme. Elle n’en revient pas ce qu’elle vient d’entendre. Elle se contente de secouer la tête, dépitée. Son regard se porte une dernière fois sur Mary puis elle tourne les talons, retournant chez elle. Elle sait que son amitié avec Mary vient de se terminer. Elle sait que Mary aura beau dire n’importe quoi, jamais elle ne changera d’avis. L’unification des deux ‘mondes’ est quelque chose de bien. La Paix finira par gagner pour de bon. Leanne en est certaine. Même si, pour cela, elle doit aller manifester, faire entendre sa voix. Elle le fera.
Elle ignore cependant que, dans peu de temps, elle aura tout oublié...
L'HISTOIRE CONNUE
young, wild and free.
Debout, bras croisés, Leanne observe la toile sur laquelle elle vient de peindre sa dernière œuvre. Un paysage de campagne, souvenir d’enfance de son Écosse natale. Cela fait déjà quelques longues minutes qu’elle ne bouge pas. Elle réfléchit encore et toujours aux moindres détails. Elle cherche le petit défaut. Car oui, il y en a toujours un. Toujours. Elle finit par le trouver. Là, dans le bas à gauche, les fleurs ne ressortent pas assez. Alors, elle reprend son pinceau et les retravaille. Elle ne fait pas toujours des paysages. Parfois, elle peint des visages, des formes. Disons qu’elle peint selon ses envies, son humeur surtout. Elle n’a pas de préférence, pas de ligne conductrice bien précise. Elle fait comme elle veut. A Elpida, elle suivait l’avis des professeurs, bien entendu. Elle respectait les consignes données et faisait son possible pour avoir de bonnes notes. Leanne n’a jamais vraiment apprécié l’échec. Et donc, les mauvaises notes. Une note en dessous de la moyenne, elle n’en a eu qu’une seule fois. Au cours d’art justement. Le professeur avait déclaré que Leanne n’avait pas respecté le thème du devoir, que son œuvre ne faisait rien ressentir comme sentiment. La jeune femme s’était défendue, mais la note était restée inchangée. Lors des devoirs suivants, elle avait tout fait pour corriger le tir. Elle y était arrivée. «
Tu es bien concentrée dis-moi… » La jeune femme sursaute à ses mots, le pinceau tombant au sol. Par chance, l’instrument de travail n’était pas en contact avec la toile à ce moment. Pas de rature donc. Les sourcils froncés, elle se retourne vers l’origine de cette voix. Avery Nichols se trouve là, dans l’encadrement de la porte. «
Que fais-tu ici ? Je ne t’ai pas entendu entrer ! » Pourtant, aux dernières nouvelles, son ouïe va parfaitement bien. «
Je suis passé par la porte d’entrée. J’ai même frappé pourtant. » explique-t-il en s’avançant dans la pièce qui sert d’atelier à Leanne. «
J’aurai pu utiliser le réseau des cheminées, mais j’ai préféré venir à pied. » La McAvoy hoche la tête. «
Et donc, tu es venu me rendre visite comme ça ? Où biens as-tu quelque chose à me dire en particulier ? » Sait-on jamais après tout. Son ami Avery est bien connu pour avoir toujours l’une ou l’autre histoire à raconter. Avery penche légèrement la tête sur le côté, le regard fixé sur la dernière peinture de la femme. «
L’Ecosse je suppose. » Ce n’est pas une question, mais une affirmation. Le ton de sa voix ne trompe pas Leanne. Elle ne répond donc rien, attendant de savoir la raison de la présence de son ami. «
Tu comptes aller au bal organisé à Versailles ? » Elle hausse un sourcil cherchant d’abord à savoir si Avery est sérieux. L’air affiché par son ami lui dit que oui. Alors, elle ne peut s’empêcher de rigoler légèrement. «
Je ne peux faire sans y participer voyons. Tu sais très bien que c’est ma famille qui organise le bal du nouvel an chaque année. Comment as-tu pu oublier cela ? » Faussement outrée, elle essaye de garder son sérieux. «
Oh.. Désolé ! J’ai oublié, je l’avoue. » La jeune femme fit un signe de la main pour lui signifier que ce n’est pas grave. Elle aussi cela lui arrive d’oublier des choses de toute façon. «
Tu as hâte de retourner en France ? » Quelle question ! «
Bien sur ! J’y ai fait mes études dans ce pays. J’ai songé un temps à m’y installer mais … Tu me connais. » Oui, il la connait assez bien. Ils se connaissent depuis quelques années après tout. «
Edimbourg, l’Ecosse, oui oui. » Et jamais cela ne changera. Leanne vit le regard de son ami se poser sur des toiles laissées à terre. Des toiles inutiles, ratées. Pourtant, elle n’a pas le temps de dire quelque chose qu’il en empoigne une. Celle sur laquelle est peint ce qui semble être une ville réduite à néant. «
C’est... Sombre. C’est différent de tes autres peintures. Quand as-tu peint cela ? Ca m’étonne totalement de ta part ce genre de … choses. » Leanne s’approche de son ami, lui prend la toile des mains et la remet par terre parmi d’autres. Ce soir, elles iront à la poubelle. «
Je n’en sais rien. Je me suis réveillée un matin et la première chose à laquelle j’ai pensé, ce fut ça. Une ville quasi détruite. Rien d’autre. » Ce n’est que la pure vérité. Parfois, il arrive bien que des choses totalement aberrantes, étranges nous traversent l’esprit. «
D’accord. Bon, pour en revenir au sujet plus joyeux, on se verra au bal alors. » Le fameux bal. Leanne sait déjà ce qu’elle portera comme tenue. «
Je serai en compagnie de mes parents et de mon frère. Et du reste de la famille bien entendu. » La famille, une chose très importante aux yeux de la jeune femme. «
Et d’un cavalier ? » lui demande Avery, grand sourire aux lèvres. Il évite de justesse le pinceau que la blonde lui lance à la figure. «
On verra bien. Quand je tomberai sur mon prince charmant, je le saurai, crois-moi. » Prince charmant, tu parles. Elle n’y croit pas. C’est juste histoire de répondre à son ami. «
Bon, je t’invite à aller prendre un café. On se racontera encore nos souvenirs à Elpida. » Ayant fait tout son cursus scolaire là-bas, des souvenirs, ce n’est pas ce qui manque.